GNU/Linux pour protéger votre sphère privée

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La politique de Microsoft avec son nouveau navire amiral est désormais clair comme de l’eau de roche. Il s’agit de faire passer le plus possible d’utilisateurs des systèmes précédents vers Windows 10 afin d’une part de limiter les frais de maintenance et d’autre part de monétiser au maximum les données personnelles des clients. Afin de rattraper son retard vis-à-vis de ses deux plus gros concurrents (Apple et Google), Microsoft n’y va pas par quatre chemins. Un article (How to secure Windows 10: the paranoid’s guide) paru l’année passée sur le site ZDNet décortique cette problématique choquante. Un autre (Windows 10, Microsoft et vos données privées : ce que vous devez savoir), paru sur le site Numerama, aborde lui aussi cette tendance inquiétante. Sur la base de ces deux articles, je vous propose une réflexion personnelle.

Windows 10 use et abuse de vos données personnelles

La campagne très agressive qui incite (si ce n’est pas oblige) l’utilisateur de Windows 7 ou 8 à migrer vers Windows 10 est motivée par deux buts : réunir tous les utilisateurs de Windows sur une seule plate-forme pour économiser des sommes colossales d’argent en maintenance pour les anciens systèmes et pour généraliser la récolte massive d’informations personnelles, officiellement pour un meilleur ciblage publicitaire.

Microsoft a créé Windows 10 comme un système hybride entre le poste client sur votre ordinateur et les services du cloud. Ajouter les fonctionnalités du cloud signifie que quand vous utilisez Windows 10, vous allez partager bien plus d’informations avec Microsoft et ses partenaires qu’auparavant.

Par exemple, alors que Windows 10 n’a pas de logiciel spécifique pour espionner les touches que vous utilisez sur votre clavier (keylogger), il récolte malgré tout ces informations ainsi que votre voix pour, officiellement, améliorer la vérification orthographique et la reconnaissance vocale. Avant d’avoir un jugement concernant cette pratique par Microsoft, gardez à l’esprit que tous les logiciels basés sur le cloud et fournis par de grandes sociétés internationales, le font à plus ou moins grande échelle. Google Docs, Siri d’Apple, Office 365, Facebook, etc, ne collectent pas uniquement votre travail final, mais toutes les frappes du claviers, les hésitations et les syllabes prononcées (si la reconnaissance vocale est activée) qui permettent d’arriver à ce résultat.

Microsoft joue la carte de la transparence en expliquant que les données personnelles peuvent être récoltées pour améliorer l’expérience utilisateur ainsi que pour mieux cibler les offres publicitaires. Soit. Il reste que ces explications sont exprimées en termes juridico-techniques parfois obscurs ou très généraux, ce qui n’incite pas l’utilisateur lambda à en prendre connaissance. Un joli tour de passe-passe qui protège la compagnie et fait passer la pilule auprès de ses clients.

Lorsqu’on s’intéresse aux informations personnelles qui sont potentiellement partagées avec l’éditeur et ses partenaires (mais qui sont-ils ?), Windows 10 propose pas moins de 13 écrans de paramètres ! Et la grande majorité de ces paramètres sont activés par défaut. D’autres, ne peuvent même pas être désactivés tellement ils sont imbriqués dans le fonctionnement du système d’exploitation. Il est clair que la grande majorité des utilisateurs ne va même pas voir qu’il existe des paramètres au sujet des données personnelles. Microsoft profite donc de sa position dominante sur le marché pour récolter une quantité astronomique de données monétisables, sans que les utilisateurs soient réellement conscients des enjeux.

Mais de quoi parle-t-on ?

Sans être exhaustif, nous pouvons lister les éléments suivants :

  • Les données comme l’historique de navigation sur internet, les recherches effectuées, vos favoris, les sites web consultés, la localisation de l’appareil, la configuration de vos réseaux WiFi et les mots de passe de vos applications sont synchronisés avec votre compte en ligne.
  • Un identifiant unique publicitaire est associé à votre compte. Vous pouvez donc être confronté dans des contextes très différents, également en dehors de l’informatique, à des publicités très ciblées sans savoir par quels moyens ni par quels intermédiaires, elles vous parviennent.
  • Si vous décidez de chiffrer votre dossier personnel – pour plus de sécurité – la clef de chiffrement/déchiffrement est automatiquement sauvegardée sur votre compte dans le cloud de Microsoft. Ceci signifie que Microsoft pourra toujours avoir accès en clair au contenu de votre dossier personnel.
  • L’assistant vocal personnel Cortana, synchronisé avec votre compte en ligne, vous permet de contrôler certaines fonctions de l’ordinateur par la voix. Une phase d’apprentissage est prévue au début de l’utilisation. Microsoft se retrouve donc en possession de votre profil biométrique de voix (fréquence, intonation et signification).
  • La souscription à Office 365 donne droit à 1To d’espace de stockage gratuit sur le cloud de Microsoft OneDrive, ce qui représente une offre extrêmement alléchante. Le contenu des documents stockés est également scanné par l’entreprise.
  • Le calendrier, les rendez-vous et le carnet d’adresses sont également partagé.

Le dernier point abordé ici peut faire froid dans le dos :

  • « Les données personnelles recueillies par Microsoft peuvent être stockées et traitées aux États-Unis ou dans tout autre pays dans lequel Microsoft, ses filiales ou prestataires de services sont implantés« 

En sachant que la frontière entre économie privée et surveillance étatique (NSA) s’avère souvent perméable, que penser de la protection de nos données et convictions personnelles ou engagements politiques, stockées sur ces serveurs ?

Quel modèle privilégier ?

Ces colosses informatiques internationaux, appelées GAFAM, ont essentiellement basé leur modèle économique sur la publicité. Ces acteurs génèrent ainsi des sommes astronomique, simplement en multipliant de très petits montants par des millions de clics, de prospects ou d’acheteurs. La pression de la publicité, souvent insidieuse, augmente donc dans la société et manipule l’individu dans ses choix de consommation.

Microsoft dispose d’une position dominante dans le marché informatique. Il étend globalement son domaine d’influence aux données personnelles des individus, ce qui représente un pouvoir non-négligeable.

Cette pratique ainsi que les objectifs sous-jacents sont totalement contraires à l’éthique et tendent à renforcer la position déjà dominante de l’éditeur.

Face à cette menace, ne ne pouvons que privilégier une autre façon de faire :

  • Opter pour un système libre et transparent, comme GNU/Linux.
  • S’échapper des cages dorées proposées par les GAFAM (voir à ce sujet l’article Dé-GAFAMisons internet, sur ce site).
  • Pour des services de type cloud, privilégier les hébergeurs locaux de taille petites ou moyenne et ayant une approche éthique et durable de l’informatique (utilisation de logiciels libres, chiffrage des données, protection de la sphère privée, certifications environnementales, utilisation d’énergie renouvelable,…).

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