Du libre pour le climat (2ème partie)

cop21_logoLe thème du changement climatique est actuellement au centre de l’attention politique et citoyenne, notamment par la tenue de la COP21 – conférence internationale sur le climat – à Paris en décembre de cette année. Le spectre de l’échec de Copenhague en 2009 plane encore dans les esprits de nombreux citoyens engagés. Un deuxième échec n’est pas envisageable.

Copyright Tom Tirabosco, La RevueDurable

Copyright Tom Tirabosco, La RevueDurable, no 35 (Changement climatique : objectif 350), septembre 2009

Dans ce contexte, les organisations qui luttent contre le changement climatique se mobilisent. La RevueDurable se bat courageusement depuis longtemps et avec une belle énergie (renouvelable) pour promouvoir un futur plus durable. Le climat a d’ailleurs toujours été un de ses sujets de prédilection. Si cette revue ne parle pas directement des logiciels libres[1], elle incite à changer notre société en suivant des valeurs bien connues des libristes : communautés citoyennes, implication personnelle dans l’action, relocalisation des activités, indépendance vis-à-vis des grands acteurs économiques et financiers, revalorisation des biens communs, partage, développement etc…

La RevueDurable lance un financement participatif destiné à renforcer son assise financière fragile ainsi que ses actions de communication sur le thème du climat en vue de la conférence de Paris. Je vous encourage vivement à soutenir cette action.

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Comme on a pu déjà le voir dans différents articles de ce blog, les logiciels libres restent des applications informatiques. Pour les faire fonctionner, qu’elles soient libres ou pas, il faut des ordinateurs, des réseaux et des serveurs. Cette infrastructure indispensable est souvent montrée du doigt pour sa voracité en énergie (donc en émissions de CO2) et en ressources naturelles.

Les logiciels libres sont des outils utilisés par des êtres humains et comme tous les outils, ils peuvent être fort mal utilisés ou pour servir des causes nuisibles pour notre société. Le CIO d’une usine d’armements ou d’une centrale électrique au charbon peut judicieusement utiliser des logiciels libres dans son exploitation, ce qui la rendra très probablement plus sûre et plus efficace qu’avec une solution propriétaire, sans compter que le CIO sera plus indépendant dans ses choix technologiques et dans l’évolution de son informatique. L’outil « logiciel libre » n’est donc pas intrinsèquement bon ou mauvais dans son usage, mais il est assurément plus transparent, plus indépendant et plus évolutif qu’un équivalent propriétaire.

La promotion des logiciels libres va donc de pair avec des valeurs fortes et une philosophie centrée sur l’humain (et non la technologie) et les biens communs. Il ne s’agit cependant pas que de belles paroles et d’utopies, mais aussi d’activités économiques et d’emplois. Le modèle libre est ancré dans la réalité et porte en lui les ferments d’une informatique plus durable.

L’esprit du libre inspire également d’autres domaines de la société, bien au delà de la très rationnelle informatique. L’open hardware, l’open food, l’open data, l’open seed initiative, les creative commons (entre autre), poussent à la relocalisation de la production, à l’indépendance et à la créativité, tout en se focalisant sur les besoins réels des consommateurs, souvent intégrés dans le circuit de production (voir à ce sujet l’article sur le peer-to-peer). Ainsi, une préoccupation majeure des citoyens (comme le changement climatique) peut très rapidement devenir une priorité dans un projet libre et se matérialiser concrètement dans le produit. On sort des logiques économiques classiques centrées sur la maximisation du profit, la séduction du client et la création d’un besoin inexistant à la base.

La RevueDurable avait proposé dans son no 51 un dossier sur l’énergie citoyenne, comme modèle pour engager la transition énergétique.

RevueDurable_51Le principe est finalement assez simple : il faut s’organiser en coopératives pour investir dans les énergies renouvelables et produire localement et proprement son électricité, tout en revendant l’excédant. Reprendre son indépendance et sa liberté, en se désengageant de l’emprise des grands acteurs et intermédiaires économiques du marché[2].

Les valeurs soutenant les logiciels libres ne sont pas bien loin !


Notes

  1. En fait, elle en parle dans un magnifique numéro (le 49) dédié à la durabilité numérique, intitulé Les technologies de l’information et de la communication et l’impératif de la sobriété:
    Revue durable tic durables
  2. Le but n’est pas de vouloir la disparition pure et simple de ces grands acteurs économiques. Actuellement, la situation n’est pas du tout équilibrée et ces acteurs disposent de bien trop de pouvoir dont ils abusent. Il s’agit donc d’une part de redonner de l’indépendance et de l’autonomie aux citoyens, et d’autre part, d’inciter ces grands acteurs à se responsabiliser dans leurs activités économiques.

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Logiciels Durables / Logiciels Libres et Développement Durable

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