Banana Pi, un micro ordinateur économe et surprenant (1ère partie)

Dans un précédent post en lien avec la protection du climat, je m’étais lancé dans la découverte du micro PC Banana Pi. Le but était de me rendre compte concrètement de l’utilisabilité de cette plate-forme, aussi bien dans le cadre d’un système de bureau classique (interface graphique, internet, traitement de photos, bureautique, films), que dans celui d’un NAS (Network Attached Storage). Cet article couvre la première partie de ce but (bureau classique). La deuxième partie sera traitée dans un post séparé.

Nous verrons dans cet article que le Banana Pi se révèle surprenant en termes de performances compte tenu de ses caractéristiques physiques modestes, de son prix plancher et de son empreinte environnementale réduite (énergie et ressources naturelles). De plus, cette plate-forme open hardware représente une magnifique opportunité pédagogique pour comprendre et s’approprier la technologie.

banana-pi_rectoMatériel utilisé

Le matériel utilisé pour le test a été le suivant :

  • La carte Banana Pi (processeur ARM dual core, 1Go de RAM, un port SATA pour le disque dur).
  • Un disque dur 1To HDD 2.5 » avec son câble SATA.
  • Une alimentation micro-USB (avec son câble).
  • Une carte SDHC de 16Go, avec un taux de transfert de 80Mo/s (peut-être un peu luxueux, à voir).
  • Un adaptateur HDMI > VGA pour la sortie écran (optionnel).

Comme mentionné plus haut, ce micro PC constitue un environnement d’apprentissage à lui tout seul. Les deux premières difficultés rencontrées et décrites ci-dessous m’ont permis de mieux comprendre le fonctionnement de cette technologie.

  • J’ai choisi d’installer la distribution GNU/Linux Raspbian pour le Banana Pi. Cependant, je souhaitais pouvoir installer plusieurs systèmes en parallèle (dual boot). Ce qui est relativement simple à réaliser dans une architecture de type x86 (Intel ou AMD), ne l’est pas forcément pour l’architecture ARM démarrant sur une carte SD. Il a fallu que j’installe berryboot, un micro-logiciel permettant justement le multi-boot dans cette architecture. L’image de Raspbian a été adaptée à ce mode de fonctionnement. En suivant la procédure décrite sur les forum du fabricant (LeMaker), le système s’est installé sans problème. Il est clair que cette procédure complique l’installation d’un système, mais il s’agit réellement d’une option. Installer une distribution Raspbian ou Lubuntu directement sur la carte (sans dual-boot) est bien plus simple et accessible.
  • L’article du Banana Pi sur Wikipedia explique la chose suivante : Alimenté par un AXP209, le Banana Pi est capable de tenir jusqu’à 1.6 A, ce qui signifie que les utilisateurs peuvent se servir d’un disque dur externe (HDD) sans avoir besoin d’alimentation externe. Il est vrai que le système démarre sans problème. Cependant, j’ai constaté que mon disque dur externe se révélait instable à l’usage et s’arrêtait parfois dès qu’il était sollicité, ce qui rendait le système de fichiers illisible. Après plusieurs tests, j’en ai déduit que l’alimentation utilisée (alimentation standard pour smartphone délivrant 5V et 2A) était malgré tout insuffisante. J’ai opté pour une alimentation de même voltage mais plus puissante, délivrant jusqu’à 3.5A, ce qui a résolu le problème. Je pense que 2A est très limite pour alimenter la carte et un disque dur HDD 2,5 pouces. Je n’aurais probablement pas rencontré ce problème avec un disque SSD.
    Note : l’article Wikipedia cité ci-dessus a été enrichi pour prendre en compte ce cas de figure.

La vidéo suivante présente le test en conditions réelles. Voici les différentes étapes du test :

  1. Démarrage depuis l’interface berryboot (multi-boot).
    Note : le système démarre quasiment instantanément sur cette interface.
  2. Le système démarre en 22 secondes jusqu’à la fenêtre de connexion.
  3. L’interface du bureau OpenBox se charge ensuite en 6 secondes.
  4. Zoom sur les ressources systèmes utilisées : 67 Mo de mémoire vive; 2 Go de stockage sur la carte SD.
  5. Utilisation de Abiword, un traitement de texte léger.
  6. Navigation sur le web avec Iceweasel.
  7. Ouverture d’une photo dans Le Gimp.
    Note : il s’agit d’une photo réduite mais malgré tout de bonne taille (résolution : 1944×1296; taille : 1.6 Mo).
  8. Application d’un filtre lourd (National Geographic) sur la photo. Le traitement dure approximativement une minute et 20 secondes.
    Note : un ordinateur fixe puissant (i7 avec 8 Go de RAM) exécutant le même traitement le fait en 5 secondes environ.
  9. Ouverture d’un terminal et lancement des commandes usuelles apt-get update, ls -al et top.
  10. Arrêt du micro PC en 11 secondes.

Vidéo réalisée avec un Canon EOS 7D et un objectif 15-85 EFS
Vidéo retravaillée avec Kdenlive
Musique en fond : Ayreon / 01011001 / Age of Shadows

Conclusions

A l’usage, les points négatifs sont les suivants :

  • L’accélération graphique matérielle n’a pas pu être activée. Du coup, les vidéos HD ou HD-ready en plein écran sont saccadées et prennent toutes les ressources du CPU. Selon les forums, il est vraisemblablement possible d’activer cette accélération matérielle. De plus, le projet XBMC (media center libre) sur Banana Pi fonctionne parfaitement, mais il est basé sur la plate-forme Android qui dispose sans doute des composants manquants sur mon installation.
  • Le traitement intensif en CPU, comme l’application du filtre National Geographic sur une photo, même s’il fonctionne techniquement, n’est clairement pas adapté à cette architecture.

Du côté des points positifs, je relève les éléments suivants :

  • Le démarrage est très rapide et le système d’exploitation consomme très peu de ressources matérielles (67 Mo de RAM).
  • L’interface graphique est réactive et agréable à utiliser. L’accès au stockage (sauvegarde de documents, copies de fichiers,…) est également très rapide pour cette architecture.
  • Les composants matériels (excepté l’accélération graphique) sont automatiquement détectés, comme le disque dur externe, branché sur un port SATA (très stable).
  • Le système se révèle d’une sobriété exemplaire en matière de consommation d’énergie : entre 4 et 5 watts !

Nous nous trouvons au début d’un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur. Même si l’environnement de bureau ne se révèle pas pleinement utilisable dans toutes ses fonctions, ce micro système comporte des qualités indéniables. Son architecture ouverte permet la production de nombreuses variantes adaptées à des besoins spécifiques. LeMaker, fabricant du Banana Pi, propose sur la même plate-forme, un router réseau et différents composants spécialisés pour des instruments de musique. Le magasin en ligne pi-shop.ch vend toute une série de micro-PC et autres micro-contrôleurs à des prix extrêmement attractifs.

Le développement de l’architecture ARM est actuellement intensif, que ce soit pour les smartphones, les serveurs à basse-consommation ou pour des micro-systèmes, comme les routers, boîtiers internet, box multimédia et les NAS. Pour l’instant, seul GNU/Linux présente une implémentation logicielle sérieuse.

La technique est disponible pour réduire notre empreinte environnementale et le libre permet une diffusion de ces systèmes, une intense créativité et une indépendance vis-à-vis des grands acteurs économiques.

Dans un prochain post, je présenterai le résultat de mes tests avec le Banana Pi dans une utilisation de NAS.


cc-by-sa
Logiciels Durables / Logiciels Libres et Développement Durable

3 thoughts on “Banana Pi, un micro ordinateur économe et surprenant (1ère partie)

  1. Pingback: #3.5 | GEEK

  2. Chocolatine

    Bonsoir
    Tout d’abord je vous souhaite une bonne année
    Je découvre les nano pc et je trouve que c’est vraiment une bonne alternative en matière d’écologie car moins gourmand que les pc classique
    Je trouve l’article très intéressant et j’attends avec impatience le suivant pour l’utilisation du banana pi en nas qui est je pense mieux adapté que le raspberry du fait du débit gigabit de l’ethernet
    Par contre quel modèle du banana avez vous utilisé?

Laisser un commentaire